mardi 20 février 2018

Rencontre avec une addictologue


Le vendredi 15 décembre 2017, toujours dans le cadre de nos TPE, nous sommes allées à la rencontre d'une addictologue au CHU de Grenoble. Nous avons donc eu l'occasion de lui poser plusieurs questions. L'entretien aura duré presque une heure et il a été très enrichissant ! Malheureusement, il nous est impossible de le retranscrir dans son entierté.
Voici un résumé de ce que l'on a appris :


1 – Quel âge avait le patient le plus jeune qu’ils aient soigné ? 

Ils s’occupent surtout des adultes puisque les enfants sont en pédiatrie, mais ils ont quand même eu l’occasion de traiter une patiente âgée de 12 ans. Elle était venue par elle-même.
Le fait qu’une personne aussi jeune puisse déjà avoir des problèmes d’addiction à une drogue peut s’expliquer par différentes raisons ; certaines personnes naissent dans des familles de trafiquant. 

2 – Le plus âgé ?

C’était un homme âgé de presque 80 ans qui souffrait d’une dépendance à l’alcool, aux médicaments et aux opiacés.
Il est important de noter que les 3 plus grandes addictions en France sont celles liées au tabac (79 000 décès/an), à l’alcool (49 000 décès/an) et aux médicaments, loin devant les addictions liées à des produits illicites. 

3 – Ont-ils déjà soigné un ancien militaire ?

C’est arrivé régulièrement qu’un ancien militaire soit pris en charge. Mais c’est souvent compliqué d’en savoir comment ils en sont arrivés où ils en sont puisqu’ils ne parlent souvent pas beaucoup de leur vie. Ils souffrent souvent de syndromes post-traumatiques.
Un d’entre eux disait se souvenir d’avoir tué des gens, et qu’on lui donnait des comprimés à prendre sans même lui dire ce qu’ils contenaient. Ils prenaient aussi des d’amphétamines et buvait énormément d’alcool. Il avait besoin de grosses doses, puisqu’il en avait développé une forte tolérance.

4 – Quels sont les différentes réactions que l’on peut avoir face à l’emprise des drogues ? 

Cela dépend de la drogue. On peut parler de 3 catégories différentes : les drogues stimulantes (amphétamines, cocaïne…), anxiolytiques (alcool, opiacés…), et plus généralement les drogues délirantes (LSD, cannabis…).
Toutes ces drogues ont pour point commun de provoquer de l’anxiété, mais pas au moment de la prise évidemment. Si on laisse cela s’aggraver, cela peut mener à la mort du consommateur.
Le circuit de la récompense qui a été découvert et la réaction d’anxiété auquel la consommation de la droguer peut mener se retrouve dans une expérience faite sur des souris. En mettant à disposition une pédale qui permettait aux animaux de stimuler certains de leurs neurones, les chercheurs ont remarqué que la souris ne faisait plus qu’appuyer sur la pédale, oubliant de manger, de dormir, parfois même de s’occuper de ces souriceaux et cela finissait par la tuer.
Donc quelque soit la drogue, si aucune n’aide n’est apporté, après l’anxiété et la dépression, c’est la mort qui guette les consommateurs.  

5 – Combien de temps durent les effets, en fonction de la drogue ingérée ? 

Cela dépend de la drogue mais aussi de la dose. L’effet de l’alcool ne dure que quelques heures. Certaines drogues, notamment les dérivés des amphétamines, provoque un état d’éveil pendant plusieurs jours. 

6 – Peut-on arrêter d’en consommer ? (avec ou sans médicaments)

Oui, et heureusement car ils seraient débordés sinon. Certains consommateurs mettent des années avant de réussir à se sortir de leur addiction, et d’autres, sans qu’on sache vraiment pourquoi, arrêtent du jour au lendemain. 

7 – A ce moment-là, que se passe-t-il au niveau nerveux ? 

On appelle cela le syndrome de sevrage.
Tous les produits n’agissent pas sur les mêmes récepteurs, donc nous n’aurons pas les mêmes réactions lors de l’arrêt de la consommation du produit en question.
Avec l’alcool, par exemple, lorsqu’on arrête d’en consommer après en avoir été dépendant, on peut souffrir d’insomnie, ressentir de la nervosité, et même parfois avoir des crises d’épilepsies. Avec la cocaïne, ce qui est le plus notable est la fatigue et la déprime.
Tout cela dépend de la durée durant laquelle la personne a été accro et de la dose qu’elle prenait habituellement. 

8 – Mis à part la rapidité des effets, y a-t-il d’autres différences notables par rapport à la voie de prise de la drogue ?

Quand on commence à se droguer, on chercher à avoir un effet rapide donc on utilise rarement la voie orale. Le consommateur aura tendance à utiliser la voie veineuse ou la muqueuse nasale (sniffer).

jeudi 18 janvier 2018

Deuxième guerre mondiale, Hitler, et drogue



De la drogue a été utilisée lors de la grande majorité des guerres. Le XXème siècle est marqué par les guerres (première et seconde guerre mondiale notamment), par les dictatures et par les empires.

Hitler, le dirigeant de l'Allemagne, était la plupart du temps sous l'emprise de stupéfiants. En effet ce grand hypocondriaque craignait constamment d'avoir le cancer, et était souvent traité pour faiblesse. Son médecin lui administrait alors des "boosters" allant jusqu'à la drogue (qui le rendait dépendant, à la méthamphétamine, par exemple). Hitler se faisait donc "piquer" ou prenait tout simplement des comprimés assez régulièrement.

Il est cependant important de préciser qu'à cette époque la drogue n'était pas encore considérée comme "dangereuse" et pouvait être utilisée en tant que médicament. C'est dans ce contexte là qu'on en prescrivait aux soldats. Ne connaissant pas les effets nocifs qu'elle pouvait avoir, pour eux, ce ne pouvait être que bénéfique.


POINT SCIENCE :

Qu'est-ce qui entraine la dépendance ?

Dépendance, addiction, circuit de récompense, dopamine... tous ces mots ont pour point commun la drogue.

Lorsqu’on est heureux, notre cerveau produit de la dopamine. C'est elle qui donne cette sensation de bonheur et de bien-être.

La drogue, quand on est sous son emprise, va augmenter la quantité de dopamine qui se trouve dans une zone du cerveau. Cela entraîne une dépendance. La personne ressent alors un manque dès que son effet se dissipe. Cependant le niveau de dépendance peut varier selon la morphologie et la quantité ingérée.

La drogue peut également nous empêcher de ressentir certaines sensations telles que la peur, la fatigue ou encore la faim. C'est pour cela qu'elle s'avère très efficace durant la guerre et que l'on en prescrit aux soldats, souvent sans se préoccuper de l'addiction qu'elle peut générer par la suite.

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Sources : 

Le pouvoir sur ordonnance : Ces drogués qui ont fait le XXe siècle - Tania Crasnianski (Grasset, 2017)
Les drogues et la guerre de l'antiquité à nos jours - Lukasz Kamienski (Nouveau Monde Edition, 2017)
+ Reportage "Hitler Junkie" sur C8


vendredi 29 décembre 2017

Le Captagon, ou la "Potion magique"




Le Captagon est à l'origine un médicament qui permet de traiter les troubles de la concentration, l'hyperactivité, la dépression et la narcolepsie (trouble du sommeil chronique ou dyssomnie* rare). Commercialisé à partir des années 1960, ce médicament psychotrope est interdit en 1990, et sa fabrication cesse à la fin des années 2000. Les stocks mondiaux sont dits pratiquement épuisés en 2009. Cette "potion magique" est fabriquée à partir de la fénétylline, une dogue de synthèse de la famille des amphétamines.

Celle-ci faisait l'objet de nombreuses demandes provenant du monde arabe, ainsi, les pays tels que l'Arabie Saoudite en sont le marché principal. Chronologiquement ces pays étaient fournis par des laboratoires de l'Europe balkaniques notamment bulagres via la Turquie. Seulement à partir des années 2000, une politique répressive entraîne une délocalisation de la production vers le Moyen-Orient, notamment le Lyban.

Cette drogue, parfaite pour les soldats, permet l'abandon de certains sentiments tels que la peur, la peine ou encore de la douleur. D'après le psychiatre lybannais Ramzi Haddad, elle procure une euphorie intense et un excès d'énergie. Grace à elle, plus besoin de manger ou de se reposer. 

Comme l'intégralité des drogues, elle a aussi des effets secondaire. Ainsi même si ils peuvent variés en fonction de la morphologie et de la quantité ingérée, en consommant du Capatgon vous aurez le droit à une fatigue extrême et à des trous de mémoire.

Cette drogue n’étant plus fabriquée depuis de nombreuses années, on ne trouve plus que des contrefaçons sur le marché actuel.

Elle a été longtemps désignée comme la drogue des djihadistes, pourtant rien ne le prouve, et les autopsies des corps des terroristes n’ont révélé aucune trace de médicaments.

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* : les dyssomnies sont des troubles du sommeil perturbant la santé mentale et physique d'un individu. 

 
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Sitographie

sommeil.ooreka.fr 
pourquoidocteur.fr
lemonde.fr
neonmag.fr

mercredi 6 décembre 2017

La Benzédrine ou l'inhalateur magique






Smith, Kline & French était un groupe pharmaceutique américain fondé et nommé ainsi en 1891 (fait maintenant partie du laboratoire GSK).

En 1925, un département recherche et développement est créé. Le groupe rajoute le mot « Laboratories » à son nom et, à partir de 1929, se concentre plus sur la recherche. C’est cette année-là que la Benzédrine est créée. 

C’est quelques années auparavant, en 1927, que le chimiste et pharmacologue américain Gordon Alles découvre que l’amphétamine est un dilatateur des voies respiratoires, entre autres. 

En 1932, Smith, Kline & French, sort l’inhalateur Benzédrine pour les personnes souffrant d’insuffisance respiratoire (asthmatiques notamment). Il est en vente libre dans les pharmacies et sujet à de nombreuses publicités ; ce produit connaît un certain succès. 

Très rapidement, les consommateurs se rendent compte de l’effet stimulant de ce produit et de nombreuses personnes se mettent à utiliser le liquide se trouvant à l’intérieur de l’inhalateur comme potion magique dans leurs boissons quotidiennes. Les effets se font vite ressentir : la concentration, la vigilance, l’humeur, l’énergie sont améliorés. Les effets secondaires nocifs étaient encore mal connus, mais tout le monde ressent la vague de fatigue qui le submerge lorsque les effets psychostimulants du produit s’épuisent. 

Peu de temps après, la Benzédrine est disponible sous forme de pilule aidant à combattre la fatigue et la dépression. A partir des années 1930, et encore longtemps après, différents profils de consommateurs deviennent dépendants à son effet : les ménagères, pour leur effet énergisant et anorexigène, les travailleurs, pour l'amélioration de la concentration...

L’amphétamine est connue pour être la drogue des soldats, et la Benzédrine n’échappe pas à la règle. Durant toute la Deuxième Guerre mondiale, des soldats de différents pays auront libre accès au stock d’amphétamine. Son importance lors des opérations a été reconnues par les combattants eux-mêmes. 65% des pilotes américains ont reconnu utiliser des amphétamines. Parmi eux, 61% ont jugé cette consommation essentielle au bon déroulement des opérations.
   
Mais l'amphétamine est depuis devenue une substance contrôlée. Dans le milieu pharmaceutique notamment, elle a été remplacée par la propylhexédrine, une substance qui s'en rapproche mais qui n'en est pas pour autant. Ses effets sont très similaires à l'amphétamine. Encore aujourd'hui, il est possible, aux Etats-Unis et dans d'autres pays, comme la France, via internet, de se procurer un inhalateur nommé l'inhalateur Benzedrex, et ce, pour une bouchée de pain. Certains achètent cet inhalateur pour se servir du produit récupé en cassant l'obet, seulement dans le but d'utiliser "l'amphétamine".


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Sources : 


https://www.psychoactif.org/forum/t17942-p1-Propylhexedrine-une-substance-type-amphetamine-LEGALE-pour-euros.html

https://en.wikipedia.org/wiki/History_of_Benzedrine