Le vendredi 15 décembre 2017, toujours dans le cadre de nos TPE, nous sommes allées à la rencontre d'une addictologue au CHU de Grenoble. Nous avons donc eu l'occasion de lui poser plusieurs questions. L'entretien aura duré presque une heure et il a été très enrichissant ! Malheureusement, il nous est impossible de le retranscrir dans son entierté.
Voici un résumé de ce que l'on a appris :
1 – Quel âge avait le
patient le plus jeune qu’ils aient soigné ?
Ils s’occupent surtout des adultes puisque les enfants sont
en pédiatrie, mais ils ont quand même eu l’occasion de traiter une patiente
âgée de 12 ans. Elle était venue par elle-même.
Le fait qu’une personne aussi jeune puisse déjà avoir des
problèmes d’addiction à une drogue peut s’expliquer par différentes
raisons ; certaines personnes naissent dans des familles de trafiquant.
2 – Le plus
âgé ?
C’était un homme âgé de presque 80 ans qui souffrait d’une
dépendance à l’alcool, aux médicaments et aux opiacés.
Il est important de noter que les 3 plus grandes addictions
en France sont celles liées au tabac (79 000 décès/an), à l’alcool
(49 000 décès/an) et aux médicaments, loin devant les addictions liées à
des produits illicites.
3 – Ont-ils déjà
soigné un ancien militaire ?
C’est arrivé régulièrement qu’un ancien militaire soit pris
en charge. Mais c’est souvent compliqué d’en savoir comment ils en sont arrivés
où ils en sont puisqu’ils ne parlent souvent pas beaucoup de leur vie. Ils
souffrent souvent de syndromes post-traumatiques.
Un d’entre eux disait se souvenir d’avoir tué des gens, et
qu’on lui donnait des comprimés à prendre sans même lui dire ce qu’ils
contenaient. Ils prenaient aussi des d’amphétamines et buvait énormément
d’alcool. Il avait besoin de grosses doses, puisqu’il en avait développé une
forte tolérance.
4 – Quels sont les
différentes réactions que l’on peut avoir face à l’emprise des drogues ?
Cela dépend de la drogue. On peut parler de 3 catégories différentes :
les drogues stimulantes (amphétamines, cocaïne…), anxiolytiques (alcool,
opiacés…), et plus généralement les drogues délirantes (LSD, cannabis…).
Toutes ces drogues ont pour point commun de provoquer de l’anxiété,
mais pas au moment de la prise évidemment. Si on laisse cela s’aggraver, cela
peut mener à la mort du consommateur.
Le circuit de la récompense qui a été découvert et la
réaction d’anxiété auquel la consommation de la droguer peut mener se retrouve dans
une expérience faite sur des souris. En mettant à disposition une pédale qui permettait
aux animaux de stimuler certains de leurs neurones, les chercheurs ont remarqué
que la souris ne faisait plus qu’appuyer sur la pédale, oubliant de manger, de
dormir, parfois même de s’occuper de ces souriceaux et cela finissait par la
tuer.
Donc quelque soit la drogue, si aucune n’aide n’est apporté,
après l’anxiété et la dépression, c’est la mort qui guette les consommateurs.
5 – Combien de temps
durent les effets, en fonction de la drogue ingérée ?
Cela dépend de la drogue mais aussi de la dose. L’effet de l’alcool
ne dure que quelques heures. Certaines drogues, notamment les dérivés des
amphétamines, provoque un état d’éveil pendant plusieurs jours.
6 – Peut-on arrêter
d’en consommer ? (avec ou sans médicaments)
Oui, et heureusement car ils seraient débordés sinon.
Certains consommateurs mettent des années avant de réussir à se sortir de leur
addiction, et d’autres, sans qu’on sache vraiment pourquoi, arrêtent du jour au
lendemain.
7 – A ce moment-là,
que se passe-t-il au niveau nerveux ?
On appelle cela le syndrome de sevrage.
Tous les produits n’agissent pas sur les mêmes récepteurs,
donc nous n’aurons pas les mêmes réactions lors de l’arrêt de la consommation
du produit en question.
Avec l’alcool, par exemple, lorsqu’on arrête d’en consommer
après en avoir été dépendant, on peut souffrir d’insomnie, ressentir de la
nervosité, et même parfois avoir des crises d’épilepsies. Avec la cocaïne, ce
qui est le plus notable est la fatigue et la déprime.
Tout cela dépend de la durée durant laquelle la personne a
été accro et de la dose qu’elle prenait habituellement.
8 – Mis à part la
rapidité des effets, y a-t-il d’autres différences notables par rapport à la
voie de prise de la drogue ?
Quand on commence à se droguer, on chercher à avoir un effet
rapide donc on utilise rarement la voie orale. Le consommateur aura tendance à
utiliser la voie veineuse ou la muqueuse nasale (sniffer).